Nestor classé X

Nestor !
Nestor, mon monocle !

Nestor, une bouteille de Loch Lomond !
Nestor… mon bouton à recoudre !

Nestor ! Nestor !

Oui, Nestor c’est moi.
Et aujourd’hui me voici accusé d’avoir trahi la confiance de mon maître en confiant un livre du Marquis de Sade (marquis tout de même) à Irma, la camériste de la Castafiore.

Moi, qui œuvre jour et nuit, toute l’année pour tenir MoulinHard dans un état irréprochable.

En réalité, je vous le dis, tout ceci n’est qu’un épouvantable malentendu.

Des oeilletons ? Mais évidemment ! C’est l’enfance de l’Art, le B-A-BA de tous les majordomes.
Un bon majordome se doit de savoir ce que font ses maîtres pour leur apporter le meilleur service. Que fait Tryphon de ses sept boules ? Qui grimpe Bianca de concert ? Comprenez : En tel cas, il importe d’ouvrir les vitres du Château afin de les protéger des décibels ainsi que de mettre de l’eau à chauffer afin qu’une infusion au miel attende Bianca et ses cordes vocales au sortir d’une exercice aussi intense.

Si je manie le martinet ? Un malentendu vous dis-je !

J’affecte une certaine conscience professionnelle, ne vous en déplaise. Et, oui, je m’entraîne afin que chacun de mes gestes au service de mon Maître soit irréprochable. Voilà pourquoi j’ai choisi le martinet -lesté - qui entretient le mouvement de poignet requis pour l’époussetage des vases précieux du Château.

Oui, c’est vrai, j’ai bien remis un ouvrage à Irma. Les Pensées de Pascal, oui, parfaitement.
J’avais oublié, je le reconnais, que j’avais évidé la couverture pour y installer commodément les œuvres du Divin Marquis.
Lire les pensées de Pascal aux yeux de tous et me palucher discrètement dans ma poche décousue… la discrétion, maître mot de ma fonction.

Pouvais-je imaginer qu’Irma cachait sous sa robe austère une âme de flamboyante soumise ?

Quoiqu’en y réfléchissant bien…

Elle s’employa à me convaincre -et elle y mit du coeur, la bougresse- de l’attacher dans la crypte que j’avais au fil du temps, aménagé en Donjon.
Vous la verriez, dans la combinaison qu’elle s’est cousue, suspendue au crochet du plafond, gémissante sous la badine. J’en crèverais mon slip en skai.

J’étais moi-même assez versé dans les encordages bien avant que cet avorton d’Abdallah ne me ligote sur un siège. Imaginez ma terreur en sentant poindre une de ces érections dont raffole Irma alors que j’étais attaché sur ce siège Louis XIII.

Bref, de Sade en Donjon, MoulinHard est devenu une demeure où il fait vraiment bon vivre et je goûte avec un plaisir frétillant les longues semaines où, partis à l’aventure aux quatre coins du monde, Tintin et le Capitaine abandonnent les lieux, me laissant la jouissance du Château avec mes invités très spéciaux.

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